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La première nouvelle
A travers cette nouvelle, j’ai voulu exprimer la difficulté éprouvée à rédiger ma première nouvelle, et partager ma réflexion sur cette difficulté.
La première nouvelle. C’est celle qui exige de relater un épisode de sa vie qu’on désire partager avec ses lecteurs, à travers un récit structuré. La première phrase se doit d’être étonnante, intrigante pour accrocher le lecteur ; la dernière phrase doit provoquer une réflexion personnelle. L’évènement narré s’intercale entre les deux…
Mais la première nouvelle ! La plus personnelle ? Elle commence bien avant la page blanche, avec son vécu. Tout l’enjeu consiste à sélectionner l’évènement qui intéressera le lecteur. A l’inciter à poursuivre la lecture de son moi, peut-être, le plus profond, le plus intime. Comme elle semble ne pas être simple cette première nouvelle !
On la surmonte, avec une aisance insoupçonnée. En fait, tout devient aisé : la page blanche se noircit, elle débute par une accroche pertinente ; les souvenirs d’une expérience enrichissante, l’inspiration foisonnante, un rythme soutenu ; la certitude d’un moment important de sa vie, d’une durée éphémère en comparaison de notre passé …
En même temps, l’événement est inspirant. Une ville très française dans un pays étranger, un mode de vie recherché, des rencontres inespérées, une activité inoubliable. Tout le meilleur est donné. On repousse le clavier, s’éloigne du petit écran lumineux et se félicite du travail accompli. Par toute une introspection et le suivi des instructions, on parvient à délivrer son histoire au fur et à mesure qu’on la revivait en pensée. Pourtant, on admet quelques difficultés à la raconter avec les mots adéquats. On éprouve l’envie de tout détailler. Le nombre de signes imposé prive son élan littéraire. Quelle frustration de remanier certains passages, d’en supprimer d’autres, pour satisfaire à cette exigence. C’est comme si cette expérience de vie avait été spoliée d’éléments qui la rendaient tellement croustillante. On n’omet pas la conclusion par une chute appropriée. L’exercice n’est pas aisé. On y parvient après plusieurs tâtonnements.
Mais devant ces pages rédigées, vient alors l’estimation de son travail. Sa relecture jette un voile de doute sur sa satisfaction, jusqu’alors certaine. Le récit plaira-t-il aux lecteurs ? Le vocabulaire utilisé est-il approprié ? Les phrases donnent-elles du rythme à la narration ? Les évènements sont-ils organisés en donnant des détails marquants ? Son style se démarque-t-il ? On ne pensait pas que la rédaction de quelques pages serait aussi exigeante.
En extrapolant le rythme d’écriture de cette consigne à la rédaction d’un roman, on se rend compte qu’il nous faudra plusieurs mois pour accoucher de son premier “bébé littéraire”. Est-ce qu’il s’écrira dans la douleur ? Une péridurale du cerveau sera-t-elle nécessaire durant cette période ? Aura-t-on le courage de le terminer ? On sait que c’est la première nouvelle d’une longue série. Les suivantes façonneront les écrits avec des techniques qu’on ne possède pas – ne maîtrise pas – encore. On sera ainsi mieux préparé à affronter le monde littéraire que tout auteur débutant appréhende, avec des armes plus affûtées.
C’est un constat ambigu : on s’interroge sur son travail et on se découvre également l’envie de poursuivre son apprentissage par l’écriture de la nouvelle suivante. Évidemment, on n’a pas la science infuse ; il y aura des critiques. On les espère mais on ne retiendra que celles qui permettent de progresser. Car l’objectif de toute formation n’est-il pas d’apprendre ? On garde cela à l’esprit, libre de toute incertitude sur son travail.
Vous conviendrez donc de la difficulté à rédiger sa première nouvelle. Malgré une aisance rédactionnelle acquise durant ma formation, ne vous méprenez pas :certaines émotions sont toujours vivaces…
Merci pour le scrabble, ça me rappelle nos belles après midi aux côtés de Mémère.
Très belle nouvelle, fluide, riche en vocabulaire, agréable à lire.
Je te souhaite à très bientôt un bébé littéraire.
Je suis content que ma nouvelle ravive de bons souvenirs avec notre grand-mère. Sinon, je me laisse l’année pour terminer mon projet.